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mardi 19 décembre 2023

Méditations sur l'amour

Là où est l'amour, il n'y a pas de jugement 
Puisqu'il existe un amour inconditionnel, il peut être ressenti en soi 
Aimer quelqu'un, c'est accorder à un autre l'accès à l'entièreté de soi 
Aimer, c'est abandonner la douleur et laisser sa chance au possible 
L'amour est une révolution radicale où tout peut prendre un nouveau visage 
L’amour ne se fabrique pas ni ne s’invente mais se découvre 
L’amour et la mort sont les 2 faces d'une même pièce, l'une la fin, l'autre le commencement 
Être aimé, c'est trouver le chemin de soi dans la chaleur de l'autre 
On n’apprend pas à aimer, aimer nous apprend à vivre 
Si aimer nous fait mal, c'est que nous disposons d'une infinité de résistances 
L'amour est un tout que nous n'avons jamais fini d'arpenter 
L’amour ne donne rien, car il n'y a rien à prendre dans l'amour 
Dans le lointain de l'existence, l'amour est la porte d'entrée de l'invisible 
Si je suis tout amour, j'emporte avec moi la matière et l'esprit et laisse derrière moi le néant 
L’amour est la composante de tout, c'est pourquoi rien n'est jamais perdu 
Le ciel est le ciel, la liberté la liberté et l'amour l'amour 
Si l'amour est le commencement, à quoi passons nous le reste de notre vie ?

mercredi 13 décembre 2023

Poème sabre

 A toi, qui maintenant a disparu et dont notre dernier échange se résume à mes sanglots irrépressibles pendant que tu essayais de faire ce que tu pouvais pour me parler. 

Pardon de n’avoir pu te laisser savourer la qualité de ta propre mort. 

 

Nous n’avons fait que nous côtoyer du temps des vivants. 

Tu as chanté avec moi et parlais avec passion de mes dernières réflexions en cours. 

Avant ton départ tu m’as dit que tu n’avais rien à me dire. Implicitement ça voulait dire que je savais ce qu’il en était de nos existences respectives et du chemin qu’elles avaient à parcourir entre ma vie et ta mort. C’était là notre complicité, faîte d’une supposée sagesse que nous aurions, toi et moi, sur certains secrets de l’existence.

Tu nous as laissé un dernier mot que nous avons retranscrit à trois comme pour savoir ce que tu nous laissais. Nous n’y avons appris seulement que tu quittais ostensiblement ce monde. Et, tous les trois, nous avons délaissé cette lettre n’y trouvant pas ce que nous pensions y voir, peut-être l’attente intime des lumières que, malgré tout, toujours enfants, nous recevions de toi. 

J’ai revu dernièrement cette photo, que j’avais prise, où vous étiez, ton amour et toi, tous deux l’un dans l’autre dans une étreinte infinie. Elle se fondait en toi et tu semblais l’accueillir absolument. Elle est restée sans toi, maintenant et jusqu’à la fin de ses jours. 

Je n’ai pas su partager sa douleur car je ne connaissais pas la mienne. Je pense à elle et vis avec elle cette amertume de ne pas te retrouver dans les échos de ses murs tout comme dans la respiration de ses promenades.

Je pense à toi sur nos départs répétés, quand nous descendions te voir, et que chaque fois c’était une séparation que nous vivions. Comme si le temps devait être rattrapé de tout ce que nous n’avions pas vécu ensemble, de tout ce que nous nous manquions.

Un jour, tu me serrais fort dans tes bras, je t’ai dit que cette distance était incompressible. Je le pensais. Et si tu as été surpris par ma remarque, je ne sais à quel point elle a pu te toucher profondément. C’est possible que je t’aie blessé. Rien ne semblait t’atteindre. 

C’est possible que tu en aies fait ta fierté. 

Cette fierté était telle qu’elle pouvait assumer, un soir où nous mangions ensemble avec un ami, d’être humilié par cet ami même au point que c’est ta fille qui en est venu à te défendre. J’assistais, amusé, à la scène considérant que tu pouvais certainement passer au-dessus de tout ça. Tu en avais traversé des épreuves. Je les ai vues, enfant, ces disqualifications. Elles ont forgé en moi la voie de se déprendre.

Nous n’avons pas su nous aimer avec les mots de l’amour, mais nous avons partagé ce que demande journalièrement un père à un fils. 

J’ai porté ton cri dans l’écho de l’église. Le prêtre, à sa manière, à chercher à éteindre ce feu. Mais j’espère l’avoir planté dans le cœur de mes fils. 

On ne sait jamais vraiment ce qu’on fait pousser d’un fils à un père.

Pour remonter le fil, je m’adresse à toi, aussi bien le dieu, le père ou l’absent, pour te dire que je t’aime, et que vous, tout en un, avez su me trouver, avez su me connaître.

Je jette ici les échos prolongés de mon enfance pour dire que je suis là, et que peut-être cette nuit-là, c’était ça que tu voulais me dire, tout en un. 


Qu’il n’y a pas de fin à l’existence, que nous en sommes les usagers de passage et que nous gardons en nous, tout entière à la vie, l’histoire du présent du monde.

dimanche 10 décembre 2023

De 2016 à 2024, le temps du futur

 Nous avons continué nos routes. 

A ce moment les quelques lignes écrites que j'avais lues n'étaient parvenues que comme un lointain vaguement littéraire. Je m'étais dit alors : pourquoi écrire si personne ne comprend? Cette enseignante en philosophie m'avait dit : vous n'écrivez pas pour vous-mêmes. Je l'avais cru. 

Récemment je lui ai écrit, mais elle m'a raconté la supercherie avec laquelle elle s'était convaincue elle-même d'être en philosophe, comme cet ami qui avait commencé à croire qu'il ne pouvait plus faire ce qu'il voulait avec sa musique.

Combien de mensonges devons-nous nous raconter pour trouver un mode d'existence?

J'ai parlé haut dans une église pour dire que nous n'avions pas à être impressionnés par le récit de nos semblables. Si fierté il y a à trouver, elle est à l'intérieur du sens que nous révélons chaque jour. Je lance un appel à mes amis perdus, je n'ai ni indifférence ni regret. Je vous ai aimé.

J'ignore les jours qui viennent, je ne sais dire si je pourrais vivre encore, peu importe, je veux vivre au présent, il y a tant à faire. Pas de labeur, pas de rêve non plus. La possibilité, nous avons tant de possibilités. 

De toutes nos vies vécues, aucune ne se ressemble, nous n'avons peut-être que cherché à trouver la ligne de découpe, le fil d'une lame qui, de mouvements en mouvements, a dessiné nos destins. Nous pourrions simplement nous arrêter sur cela. A l'heure de tourner son regard, croyant le voir inscrit à l'intérieur, l'esprit trace cette ligne à soi en dehors de toute infortune. Le destin ne s'est jamais soucié de nos richesses.

Il me reste une grande part d'ignorance à tout cela, mais il faut malgré tout que je vous rappelle : ni indifférence, ni regret. L'amour est la chance de nos vies. Il peut lui aussi se puiser dans toutes choses comme une égalité. Nous aurons alors nos corps toujours un peu plus grands, nous dirons, nous avons grandi.


vendredi 23 septembre 2016

photographie

je pars du noir qui découpe le vêtement de la lumière claire
jusqu’aux angles de tes bras qui se tiennent et t’entourent
et cachent dans l’ombre noire tes cheveux qui dessinent
le sable ocre doux d’un visage d’une statue ancienne
Brillant/mat éclairant ta figure
d’un montage à deux têtes qui pointe l’éternel
saisissant dans l’infime ce qui fait de toi-même

une image entière

Prière universelle

Saint père le vivant, nos cœurs s'ouvrent ce jour pour porter à la lumière, la douceur et l'apaisement cette âme. Comme un enfant nouveau elle se présente à votre regard sans jugement. Elle emporte avec elle sa part du monde vécu, avec ses moments de détresse et ses instants de bonheur. 

Gouverneur pour nos âmes, toi qui nous entend si bien, nous te prions ce jour. Sens-tu combien chacun de nous se relie dans l'amour de ce monde? En notre cœur se déploie le vœu qu'il grandisse pour s'éprouver, lui aussi, en sa lumière. 

Force invisible, nous te rendons grâce pour tout ce qui existe. Merci de nous donner de trouver en nous tant le sens du juste que les voiles de la beauté. Nous louons ces miracles infinis, offrandes dans nos quotidiens. Nous tâchons à notre mesure d'y prendre part.

Poursuis, lumière dans nos esprits, continue ta course, pareille à celle du soleil qui passe en deçà la ligne de l'océan. Trace, traverse ce champ qui nous précède. La joie viendra à nous-mêmes, alors pleine et entière, quand aura cessé une fois encore notre impatience. 

lundi 11 avril 2016

Esthétique

Le reproche douloureux fait à la pensée est de manquer son objet.
Chaque jour nous avons besoin de produire pour notre vie un entendement aussi sommaire soit-il.
Nous associons perpétuellement à notre existence des représentations, c'est par conséquent sur le plan de l'intime que chaque pensée est évaluée. 
Face à l'expérience de la vie même, chacune d'entre elles est mise à concurrence.

jeudi 12 novembre 2015

J'ai vu des villes

Mon amour
J'ai vu des villes
J'ai vu
Des villes
Des villes familières des villes images
Un secret
Mon amour
J'ai vu des villes familières avec des visages pas clairs
J'ai vu des villes et des visages
J'aime les visages j'aime les mots sur ces visages
Sur ta bouche pas claire
J'ai vu des visages et des amours sur des visages
J'ai vu des visages sur des amours pas clairs
J'ai vu des images j'ai vu des amours
J'ai vu des amours et des visages pas clair
J'ai vu
J'ai vu
Et des visages aux amours pas clairs
J'ai vu des images pas claires
Des visages blancs sans salive retournés
J'ai vu des visages enfoncés en eux-mêmes
des visages, un visage
Il n'y a plus de toi il n'y a plus de moi
Il y a les autres
Demeure
Un couteau planté là au cœur du sommeil
Je ne veux plus entendre ta voix je ne veux plus te sentir
J'ai déjà mouché
Ma place
Sur ma place un tissu blanc sur lequel mon nez s'est roulé
Vaurien qui salit
Ton nez malpropre a saigné sur mes selles
Ressusciter 
Je veux que quelque chose se passe
Je veux que quelque chose
Je veux quelque chose
Parle moi
Parle moi
Parle moi
Par moi
Le moi idoine
Le moi qui sait
Suspendu
Le moi suspendu
Le moi qui parle de ce qu'il sait
Le moi qui n'en a rien à faire parce qu'il sait
Un autre
Qui sait
Un autre
Qui sait
Parle moi de ta voix qui sonne que je t'entende
Parle moi de ta voix avec ta voix avec le sens
Parle moi avec ta voix qui évoque parce qu'elle sait
La voix qu'on veut entendre le soir
La voix de demain la voix de demain
Parle la voix qui sonne 
Le lendemain une voix qui sonne
Je me réveille
J'entends
Ce soir je ne dormirais pas
Ce soir je ne dirais rien
Pas ce soir me dit-elle
Pas ce soir
Vient
Ce soir je ne dirais rien parce qu'elle m'emporte la voix qui fait silence
La voix qui fait silence
Il vaut mieux se taire que ne rien dire
Ne rien dire c'est mieux
Et toi tu ne peux pas faire silence ?
Ne rien dire c'est mieux
J'ai déjà dit tout ce que je savais ne reste plus qu'à l'écrire
Je ne dirais rien c'est mieux
Je ne dirais rien c'est mieux
Un poème
Un poème
Rien qu'un silence de toi me suffirait
J'ai vu des villes ce soir
J'ai vu des longues villes interminables
J'ai vu le ventre de la ville
Un ventre nu un ventre froid
J'ai rentré mon ventre moi aussi
J'ai fait semblant de rien
Mon amour n'a plus de sens
J'ai fait semblant de rien
Sur la table des masques
Je suis rentré je suis sorti
Dehors il fait toujours aussi froid
Dans tes mains une tâche blanche qui s'empare de nos draps de nos doigts
Dans tes mains une tâche blanche qui s'empare de nos doigts
Ficelle brille sur les tâches laissées les traces les pas le décompte improbable
Je t'ai laissée
Sur les toiles nombreuses j'ai vu ton nom partout ton ombre ton nombre ton nombril dénudé qui brille un éclair blanc je passe
Entend
Entend comme je t'entend
Entend comme le vent laisse des traces
J'attends
Je n'attends pas
Ce soir j'ai vu la lune briller j'ai vu la lune
Ce soir j'ai vu la lune j'ai vu la lune briller
Ce soir j'ai vu la lune briller
Comme elle me lasse la lune
Comme elle me lasse
Ce soir j'ai vu la lune briller j'ai vu la lune
Briller
Un billet de toi la lune
J'ai reçu un billet de toi la lune et j'ai vu la lune briller
Pas seulement une étoile mais la lune
La lune
Ça ne s'arrêtera pas
Ça ne s'arrêtera pas
Ce soir la lune a prié
J'ai dit ça ne s'arrêtera pas
Et j'ai vu la lune prier
J'ai vu la lune prier comme au premier soir
Comme au premier soir
Et j'ai prié la lune comme au premier soir
J'ai prié la lune priée
Comme au premier soir
Et ça ne s'arrêtera pas
Qui est là ce soir pour me dire que ça ne s'arrêtera pas ?
Qui est là ce soir pour que ça ne s'arrêtera pas ?

vendredi 19 décembre 2014

Elaboration critique pour le temps présent

Nous, communauté innommable, avons désormais acté en nous-mêmes que le cours des évènements ne se soucie plus de nous solliciter dans la balance politique des décisions économiques et sociales.
Il nous aura fallu le temps d'un désemparement profond avant de pouvoir réellement nous ressaisir.

Ce ressaisissement se traduit de telle façon que nous est venue la nécessité pour nous de redevenir les opérateurs critiques pour ce monde laissé vacant.

En ce moment se constituent des ensembles minoritaires en vue de pallier à ces manquements. Des espaces de réflexion tout autant que de mises en pratique ont lieu un peu partout à travers le monde.

Il serait utile sans doute de pouvoir en tenir un compte rendu précis afin d'être en mesure chacun de sentir que ce monde travaille. Mais "la main de Dieu joue dans le secret de ces mondes miniatures". Si bien qu'en traduire le panorama nous supposerait une puissance de vue omnisciente.

Force nous est d'admettre que cela n'est pas à notre portée quand bien même les outils de la mise en réseau fonctionnent à plein régime. Ici nous en sommes au balbutiement de cette histoire.

L'important de fait se situe à l'endroit de nos propres causes, assidus sur les réalités empiriques de la localité de notre combat, comptant sur la perspective des uns et des autres à tenir en eux-mêmes la balance légitime de nos aspirations.

Chaque situation comme chaque microcosme détient ses paramètres singuliers que nous avons à élucider. Cette élucidation ne peut se révéler qu'à partir de nos facultés critiques immémoriales (littéralement : dont il ne reste aucune mémoire).

Consciemment nous nous trouvons liés de fait à un travail de reconnaissance, astreints, la reconnaissance constitutive de notre usage du monde.

Pratiquement, nous n'avons pas à nous extraire d'un contexte pour en dégager la réalité critique, mais plutôt travailler à nous situer à l'intérieur de processus d'ajustements que le contexte spécifique nous propose.

Ici, en Europe, la marge de définition entre ce qui nous habite et ce qui travaille à nous constituer a un spectre virtuellement étendu.

Mais, comme tous les spectres, il reste encore cette matière vivante sur laquelle nous pouvons compter, car au-delà, c'est la mort, pure et simple.

Un mot d'ordre qui fait valeur de loi : sentir la mesure de notre aptitude.


dimanche 2 septembre 2012

En pure perte

Placés devant la question de notre existence se pose à nous d'embrasser l'éternité. A qui reviendra le courage d'abandonner ce qu'il est jour après jour ?  Car voici l'instant décisif, la transformation. Toutes les images de notre vie se relient maintenant en une seule interrogation: Comment? L'espèce en nous se manifeste. Mais la question a-t-elle seulement vécu un seul de nos instants? L'amour pour nos proches agit comme la lumière de nos commencements, ce que nous voulons est possible. N'est-ce pas une joie que de ne plus attendre? La connaissance et l'ennui sont perdus, maintenant ne vit que notre unique conséquence.

jeudi 30 août 2012

Notre force, notre destin

Chacun s'il le souhaite peut faire l'expérience en lui-même d'une force continue dont la durée dans le temps échappe à son entendement. Qu'il le veuille ou non, cette force travaille en lui comme un flux permanent. Cette valeur de temps s'oppose mécaniquement avec celui que nous avons en usage. La vie contemporaine présente pour beaucoup d'entre nous une quantité de gestes particuliers indénombrable du fait de la ville et ses objets, de nos réflexes et de nos sentiments, de notre comportement ou de notre culture. Nous nommons cette activité la vie vécue. Elle n'est la plupart du temps que la gestion de notre temps, au pire une occupation.
A certains moments de notre existence, aux croisements de cette agitation, apparaissent parfois comme des trouées desquelles nous survient la plénitude de ce souffle intérieur. Ne parvenant pas à le combler et faute d'en reconnaître le processus, nous tombons malades.
Il suffit pourtant d'y porter notre attention avec suffisamment de précision pour parvenir à mettre en oeuvre, ce qui a depuis toujours été à notre portée, la nécessité de notre existence, notre destin.


jeudi 17 mai 2012

Du spirituel dans les formes de la vie


Pourquoi limitons-nous l'expérience des formes à leurs représentations?
Elles sont la cause déterminante de chaque instant de nos vies, l'art n'en est que la première esquisse. 

Merci à tous ceux qui nous ont précédé, nous avons appris à nous débarrasser des images au point de considérer jusqu'à chacun de nos gestes quotidiens.

Comment se fait-il alors que nous conservions la convention de montrer ce que nous faisons?
Nous avons peur de devenir quelconque.
Ainsi nous pouvons résumer notre culture.
Rien n'est acceptable qui ne se soit rendu présentable.

Si nous voulons ouvrir le potentiel de chaque instant vécu, nous devons intérioriser nos pratiques.





mardi 15 mai 2012

Culture

Lorsqu'on s'avise de parler d'une oeuvre, il reste toujours une part d'incertain. Chacun sait que la connaissance qu'il est possible d'en avoir est sujette à la limite de l'expérience. On peut s'appuyer sur les quelques éléments qui nous parviennent et en proclamer l'usage ou l'évidence. Un autre viendra et déplacera l'objet de la perception à partir du monde qu'il emporte avec lui. L'oeuvre reste ouverte.

Les actes de culture ont justement cette faculté d'entrer dans les vies qui s'y prêtent. Ils ne peuvent ni ne doivent se circonscrire mais rester au niveau de l'usage. C'est à la fois pénible et réjouissant. La culture nous met en confrontation tout en même temps de ce que nous sommes et de ce que nous ne sommes pas.

Pour autant, il est possible de passer au-delà de cette zone d'influence. Non en ignorant son effet, mais en agissant par ''résonance''.

Il y a dans toutes manifestations de la connaissance humaine un ''propre'' à soi qui ne se détermine pas seulement en tant que 'je suis le sujet de mon existence' mais comme l'affirmation de la présence d'une vie intelligible qui prétend à sa reconnaissance.

Ce n'est plus de nous qu'il s'agit mais de l'élément d'ensemble.

En d'autres termes: il n'y a pas un ensemble qui précède l'usage élémentaire de l'existence mais un devenir commun contenu en chaque élément qu'il nous est donné de concevoir.

jeudi 10 mai 2012

L'éternel retour

Très souvent j'entends parler de ce qui a été perdu, de ce vers quoi il faudrait revenir, sur quoi il faudrait faire retour.
C'est la trace d'une intuition intime.
La question n'est pas de revenir à un état que nous avons quitté, mais de parvenir à un état que nous n'avons jamais possédé.
Nous avons pour ce faire l'avantage d'un sentiment précieux, celui d'une juste cause.
En laissant s'imprégner ce sentiment à notre vie quotidienne, il deviendra le tuteur référent.

Mais pourquoi parlons-nous si souvent de ce qu'il y avait avant?
Parce qu'il existe un sentiment, une étape discrète dans notre processus de pensée, auquel nous nous abandonnons la plupart du temps comme à une vérité.
Il suffit pourtant de nous y arrêter et d'apprendre à le reconnaître.
Il nous accompagnera dans le cours de notre existence pour ce qu'il est, ce que nous sommes.

Avec l'enfance

Nous avons perdu l'usage de produire en prenant acte de la présence des enfants.
Ce faisant nous nous sommes enferrés doublement. Tout d'abord en faisant mine de nous prendre pour des adultes, et dans un même temps en nous éloignant de l'enfance.
Se prendre pour un adulte a l'inconvénient de considérer chacune de nos entreprises sans nuance ni respiration.
Nous éloigner de l'enfance c'est abandonner ce qui dans notre activité contient le germe de l'espèce humaine.
Il y a dans l'enfance une clarté pour laquelle nous devons nous sentir investis.
Aujourd'hui ce sont eux qui tiennent nos lumières.
Nous avons grandi certes! Mais que cette grandeur soit alors plus vaste que l'enfance!
Ou alors nous devrons nous résigner à éteindre chez eux les feux qui brûlent de voir en l'adulte une lumière qui n'y est pas.


Le retard de la pensée

Alors que tu travailles avec constance et détermination sur une circonstance particulière, il t'arrive parfois d'émettre un doute sur toi-même quand à la nécessité réelle de ta tâche.
Ne t'attarde pas. 
Toute énergie dépensée a sa conséquence. 
Elle revient toujours, et autrement qu'à l'endroit où tu l'attends.
C'est la raison pour laquelle tu ne peux t'assigner de tâche particulière. 
Contentes toi de ton effort de chaque jour pour faire du monde dans lequel tu vis ce lieu pour lequel tu existes.

lundi 12 mars 2012

Laisser-passer

C’est profondément en nous-mêmes que nous avons à sonder pour atteindre l'endroit où les idées nous viennent.
Pour cela nous avons à reconnaître notre teneur sentimentale. Distincte du temps passé.
De là nous pouvons prétendre à une nouvelle naissance, celle où être vivant prend définitivement son sens.
Mais cela reste lointain.

Chaque jour elle s’approche de notre corps, la saveur subtile et délicate, au point de se répandre dans les mots et les usages, d’être au monde. 
Chaque chose détient son nom, de même que chaque objet porte son nombre.
En laissant cette substance investir la vie quotidienne est posé l’acte de l’existence. Nous parvenons ainsi à l’endroit où toutes les formes de vie entrent en résonnance.

« A aucun prix nous ne devons déléguer notre puissance d’investigation. »

Chaque fois qu'une force s'éternise, la vie finit par s'éteindre.

mercredi 29 février 2012

Nettoyage

Je rentre chez moi. Je vais voir mon fils qui dort. Je le regarde. Je reconnais son visage, sa présence. Encore un peu de temps, et je commence à voir son visage. Il est détendu comme le sont tous les visages pendant le sommeil. Un peu de couleur sur les joues, livrés au monde dans une respiration lente et régulière. Il y a en lui la même force que celle qu'il aura à l'âge adulte. Et en le regardant à l'instant je me souviens de ceux que j'ai vu ainsi, hommes et femmes confondus.
Cet instant du sommeil est touchant parce qu'on observe sur le corps les impressions du monde extérieur. Le corps est à la fois tendu vers cette existence, à la fois retiré en lui-même comme pour y puiser les ressources nécessaires à la vie.
Aujourd'hui, pensant à voix haute je disais : « Si chacun de nous a plaisir à la moindre marque de tendresse, c'est bien qu'il y a dans le fait de vivre une souffrance ». Je continuais en moi-même : « Ainsi en est-il pour toutes choses présentes, et ceci est la marque de notre pouvoir sur elles». Et moi que vais-je laisser ce jour encore comme empreinte  et comme souvenir sur le monde ?
Au travail, je nettoie la cave, ordonne les affaires et les agence. J'ai un espace à ma disposition que je dois structurer en vue du meilleur usage. Je lie l'histoire des objets à mon expérience. D'un corps étranger, j'ai lentement appris à en faire le tour pour le considérer comme mien. Et maintenant je vais commencer à déplacer le tout, à partir de la clarté que j'aurais su faire en moi-même.
Pour toutes circonstances de ma vie je procède de la sorte, tant dans les blessures que dans les réussites. Les marques s'impriment. Voici ma culture. Voici comment j'observe les lieux de vie et leur usage.
Ce qu'il m'est donné de faire est de traverser l'existence en tenant avec attention et constance le regard sur la zone ténue dans laquelle je m'avance. Qu'elle soie grave, ou légère, rien n'entame ce qu'elle m'invite à accomplir. "Amour, puissance, clarté", dit-elle.

vendredi 10 février 2012

La relation élémentaire

Nous portons en chacun de nous un état à partir duquel il nous est possible de faire la lumière sur les énigmes du monde extérieur.
Pour autant cette lumière n'est rien si elle n'est concentrée qu'en elle-même car ce qui touche au domaine de la connaissance n'a pas valeur pour soi.
De cette contradiction nous sommes amenés à entrer dans un développement toujours plus subtile et précautionneux relativement à notre expérience de vie.
Puisqu'à la fois nous devons sans discussion donner autant qu'il se peut la mesure des intuitions qui jalonnent notre expérience quotidienne, tout en emménageant dans un même temps des zones intermédiaires rendant praticables à chacun l'ensemble des intelligences qui ont vu le jour.
Car si chacun apporte sa part singulière, à la façon dont il tient l'objet de sa connaissance, la prise qu'il offre en conséquence n'est jamais celle de l'autre.
A contrario nous avons en nous cet instinct de l'espèce qui nous retient de nous fondre en l'autre parce que chaque expérience de connaissance doit pouvoir être vécue en elle-même et non par diffraction. Cela fait partie de la grande loi morale de laquelle provient notre humanité, une morale par hérédité en quelque sorte.

Il est possible de rompre cette alternative infernale en affirmant ceci:
La connaissance ne nous appartient pas, elle est l'accompagnement légitime de toute vie.
Et puisque chacun est investi de ce pouvoir du fait même de son existence, il est criminel de ne pas lui donner le jour.
Ici prend corps la deuxième clause morale engageant chacun avec lui-même:
Il n'y a de connaissance en exercice qu'à l'instant de la relation.
Chacun est responsable devant l'autre de l'aménagement d'un espace commun dans lequel les connaissances mises en oeuvre pourront composer enfin le coeur d'une humanité parvenue à maturité.

Ainsi, si l'être humain a été confronté à l'anéantissement de sa propre puissance dans le processus qu'on a appelé la "fin de l'histoire", cette conception symbolique et homogène d'une humanité en marche, nous pouvons dorénavant nous redresser en disant que notre puissance est reliée à la vie. C'est pourquoi, forts en nous-mêmes, nous pouvons nous lever et chercher, et si une seule intelligence humaine nous fait écho cela suffit.

Le temps a passé comme le train quotidien à côté de nos vies, le grondement des objets nous l'avons lentement assimilé à la consistance des choses. Aujourd'hui il n'y a pas eu de tremblement, quelqu'un se tient derrière notre porte. Notre recours: faire loi de la possibilité du monde.


dimanche 5 février 2012

Lire lentement le monde autour


Ce soir j'ai lu avec application le livre que mon fils a choisi. Je fais sonner distinctement le nom des personnages en marquant le rythme de la ponctuation et en laissant de la respiration entre les groupes de mots. Je prends le temps de regarder les dessins pendant les moments de silence. Je reprends la lecture avant que l'attention ne soit perdue, mais avec suffisamment de temps pour que l'image et la voix puissent résonner.

Un jour, par jeu, j'ai découvert que je disposais d'une faculté, celle d'expérimenter le monde au ralenti. Au cours du temps de mon expérience chacun de mes gestes quotidiens devenaient sujets d'observation à égalité avec ma perception du monde autour. Le temps m'était offert, je m'accordais le temps.

Quelques années après, je me suis proposé pour la présentation des "Théories esthétiques" de Théodore Adorno. Confronté à une lecture particulièrement complexe pour quelqu'un qui comme moi n'avait pas suffisamment d'outils philosophiques pour appréhender cette oeuvre, j'ai appris à lire avec lenteur, afin que chaque mot me parvienne, et que la phrase s'éclaire. J'en ai gardé une impression déconcertante, celle de ne plus savoir distinguer qui de moi ou du texte avait produit de la pensée. Mon compte rendu avait été un désastre, ne sachant plus si je devais parler de moi-même ou des idées défendues par l'auteur.

J'ai dit à deux de mes amis que quand je lisais, j'essayais de lire vraiment. Ils m'ont répondu que c'était impossible, et aussi que j'épuisais le texte. Pour moi lire c'est donner droit à l'auteur de faire état de ce qui est.

Une autre fois alors que j'évoquais l'existence d'une expérience plus intense que la poésie, on m'a dit en souriant que ça n'existait pas.

La poésie n'a jamais été qu'un mode relationnel à l'égard des objets, des éléments, ou de l'existence.

Aujourd'hui, je laisse les mots s'éteindre pour que puisse naître un corps avec des bras, des jambes, et une tête. Cet homme devenu moi vibre avec gravité. De lui s'élève la teneur qui le porte aux étoiles comme le ballon d'hydrogène, poche isolée de sa matière, semble irréconciliablement tourné à son destin.

mercredi 1 février 2012

Nous, vivants

Alors que la nuit n'a pas encore fini de voir le jour, je cherche à éprouver le temps continu. 


J'entends le souffle incessant comme lorsque je pose une oreille dans le creux d'un coquillage.
Pas besoin de me tourner vers elle pour voir ses teintes. Un violet sombre passe sur un timbre orangé à la note bleu clair du jour qui vient. 
Je suis dans la ville. 
Une masse noire, celle où se rassemblent les corps endormis, déteint sur moi. 
La puissance nous vient de l'attraction terrestre. Avec elle, entre le jour et la nuit, le coeur bat. 
Souffle, battement. Présent éternel. 


J'ai envie de vous éveiller amis humains. La joie est là, maintenant.

Mon sang. 
Sur le coin de l'oeil, un cheveu flotte dans l'air 
avec la nuit il dessine la présence d'une femme comme une ombre pleine
en face de moi j'ai la lumière brillante de l'écran.
De l'air à peine,
mais ce n'est pas un ange, 
ni un fantôme, 


l'amour pose sa main sur mon épaule.



Dehors, quelques sons, la ville commence sa longue traversée du jour.

Comme je souhaite que vous puissiez avoir cela pour vous.


L'amour est le commencement de tout.

samedi 28 janvier 2012

Art


Peut-être est il temps de sonner la charge et de dire enfin que l'art n'est pas un excédent, une vue de l'esprit, une façon de se situer par rapport au monde.
L' art est l'endroit où le monde se fait, c'est le terrain vierge de l'impossible sur lequel on commence à inventer le monde qui vient.
On voit régulièrement s'agiter le chiffon d'un art vêtu d'actualités, de réflexions, de questions existentielles qui ne renvoient qu'à elles-mêmes.
Alors que ce devrait être le lieu par excellence où on fabrique de l'expérience, d'une expérience qu'on transporte avec soi par la suite et qui dévoile l'usage ordinaire.
La pratique artistique procède comme une déchirure, elle est tout ce qui échappe au goût satisfait, elle est l'occasion de rencontrer les morts, les vivants, la colère, l'esprit. C'est le lieu où où tout apparaît dans la démesure, le grossissement et le lointain.
C'est une recherche qui s'amorce qui engage, qui invite et qui refoule.
C'est le lieu de l'échec, mais que vaut l'échec face à la dynamique de la volonté.
C'est une assignation, une évidence, la réussite trouvée d'un instant où rien ne se pose.
Tant dans le champ théâtral que musical, plastique ou cinématographique, chacun doit trouver la vie à l'exercice.
Ce n'est pas une vue de l'esprit sur les occupations du monde, c'est un agir de ce monde, c'est une machine de dévoration comme peut l'être la lumière, elle se glisse partout où est laissé un creux, un pli dans l'ombre.
Elle porte la dignité, l'arrogance et la noblesse, elle ne peut accepter aucun repentir, elle est entièrement tournée vers le monde au sens où elle ne peut plus se décider entre ce qu'il est d'elle et elle de lui.
Elle est la vie sans médiation, et c'est sa maladie d'être encerclée et de se vouloir telle dans les structures qui la médient.
Ce qu'il y a d'artistique en chacun de nous, nous devons le lever comme on adresse un chant de gloire.
L'art est l'avenir souverain sur une époque anéantie par les gestes procéduriers.
Soleil, lune, cendres et joie consument nous jusqu'à l'aurore afin que la paix jamais n'achève la nécessité de nos vies qui commencent. 

jeudi 26 janvier 2012

Le renoncement perpétuel à l'éternité

Alors que chacun de nous détient, s'il a la correction de le reconnaître, les motifs, les usages et les clefs d'une vie réconciliée, nous réclamons encore justice devant ceux qui détiennent la force d'agir.
Ce que nous ne voulons reconnaître en nous-mêmes, nous le cherchons à l'extérieur et lui confions l'usage.
Par conséquent nous n'avons pas à comprendre le monde qui s'agenouille puisque nous possédons tout.
Que cessent donc les pleurs et les plaintes, elles fabriquent les machines qui nous éloignent chaque fois de la réalité vécue.
Ce que nous réclamons, c'est à notre coeur qu'il faut le requérir.
Car à trop chérir le bâton l'âne continue de se faire battre.

D'ici de là, avance du signe et retard de l'expérience

Je vois le métro entrer dans la gare. 
Je ferme les yeux et tente de déterminer sa position en faisant appel à une perception intérieure du monde qui m'environne.
J'ouvre à nouveau les yeux pour vérifier mon intuition.
Le métro a deux secondes de retard par rapport à l'endroit où je le situais.

Avant d'écrire j'ai une idée en tête. 
Ici, la bienfaisance.
Je m'installe devant l'ordinateur et prend le temps de me sentir en attention, état à partir duquel je peux garantir une qualité d'observation sensible rigoureuse.
De là la considération du fait que la 'bienfaisance' avant d'apparaître comme un état pour la personne qui lit, est d'abord véhiculée par du langage.
Ainsi, d'une qualité, je me trouve soudain confronté à autant de représentations propres à l'histoire de chacun.
J'en arrive à l'usage du langage et de sa compréhension en tant qu'objet de pensée.
Le langage est une opération de signes plus ou moins connus de tous ayant pour vocation de faire exister ailleurs qu'en soi des choses qui s'y trouve.
Nous faisons retour à la question des représentations.

Revenons plutôt à sa vocation.
En moi existe un composite d'éléments que je peux classer par groupes, genres, types, incidences, etc... tout ce qui ressort de l'usage de la pensée.
Je n'en prend qu'un, unique, et je l'absorbe à nouveau, je laisse diffuser en moi la charge magnétique de laquelle il doit son nom. Et là je vois son spectre lentement se déplier, je n'ai plus qu'à prendre note de ce qu'il me raconte.

D'ici je connais l'exacte puissance avec laquelle je travaille et pour laquelle j'existe.
Ainsi va chacun des affects pour esquisser plus surement le récit de notre vie.

Sur la frontière qui sépare une année de l'autre, un garçon assuré m'a mis en garde contre la charité.
J'ai attendu jusqu'à maintenant pour lui répondre.
Il a fallu ce temps pour dégager l'ensorcellement dissimulé dans les présupposés du langage.
Je m'achemine en vue d'éprouver la bienfaisance, d'une nature qui éblouisse ce à quoi mon corps à l'habitude dans la relation à l'autre.
Je cherche l'état qui m'amènera spontanément à poser sur l'autre le regard de l'engouement, non pas tant parce que cet autre serait de nature indiscernable et donc intouchable, mais parce que je veux faire lever en moi le crédit que je lui prête et à partir duquel il sera amené à me répondre.


lundi 9 janvier 2012

Manifestation quotidienne, faire et constance

J'ai lu: 

Vivre c'est croire, c'est du moins ce que je crois.

et aussi:
Il ne s'agit pas d'être sublime, il suffit d'être fidèle et sérieux.

Ce que je sais:

En abandonnant la représentation, j'ai fait le voeu qu'il n'y ait plus d'autre espace sensible que celui de l'agir. Cela procure un sentiment de confiance irremplaçable. Aucune contradiction ne peut advenir, à peine du doute par moment.

Un ami m'a dit:

On ne fait toujours qu'une seule chose à la fois, ça permet de faire beaucoup de choses.

Ce n'est pas de faire qui est difficile, mais de connaître ses états intérieurs et en faire usage.

A partir de l'alimentation, j'ai constaté que nous connaissions très mal notre corps. Entendu par là qu'il témoigne d'un langage à recevoir. Quoi de plus élémentaire que notre organisme! Est-il pertinent et juste de penser le monde sans l'expérience de notre corps? J'ai parfois l'impression que nous avançons comme des aveugles dans le temps en traînant derrière nous nos corps inertes. Pourtant de quelle sagesse il ressort! C'est avec lui que nous touchons, que nous caressons, que nous regardons, que nous nous exprimons, avec lui que nous sentons, que nous vivons.

J'ai lu que les conduits sanguins de notre corps mis bout à bout faisaient 100 000 km. Notre corps est à l'échelle de la planète. Nous avons en nous cette mesure. 
Inversement, je peux prendre un verre en face de moi, le porter à mes lèvres et boire l'eau qui s'y trouve.
Nous sommes en permanence à la fois infimes et immenses car rien de ce qui est physique n'est distinct des facultés intelligibles auxquelles chaque jour nous prenons part.
De ce fait chacun de nous agît sur le cours du monde.

Il est bon de le savoir.

mardi 3 janvier 2012

La disparition de l'argent / 2

En glissant furtivement cette notion de disparition de l'argent dans mon entourage, les premières réponses ont été: "retour à la barbarie", "ça va être la jungle", "c'est impossible!", "tu veux que plus rien n'ait de valeur?", "cela donnerait libre cours à tous les désirs".

L'argent opère en chacun de nous comme un régulateur social. Il confère à l'échange une valeur. Il est conditionné par la notion d'équité à travers la réciprocité. Il est facteur de l'équilibre de la relation. Il chiffre et quantifie la qualité de tous et de toutes choses. En tant que tel il est doté d'une valeur morale. Il va ainsi naturellement de soi qu'il soit protégé et réglementé par la justice. Et ainsi de suite...


Aujourd'hui, alors que nous subissons une crise de confiance extrême tant relativement aux institutions financières que juridiques et par voie de conséquence aux structures de l'information et de leurs faire-valoir dans la représentation politique, il semble pertinent de soulever le voile de certaines évidences.

Ainsi qu'on le retrouvera dans ce petit documentaire explicatif du cours de l'histoire de l'argent: http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news, on constate qu'il est une suite logique et cohérente, d'autre part qu'il fonctionne aujourd'hui à 90% de pure virtualité.

Première réflexion: la valeur symbolique de l'argent est ancienne.  
Nous sommes héritiers d'une histoire qui a commencé bien avant notre civilisation et même si nous sommes en droit de douter de l'évolution de l'être humain, nous pouvons malgré tout reconnaître que sa faculté à produire de la représentation s'est étendue selon toutes les formes possibles et imaginables, et ce en vue de traduire la complexité de son imaginaire. Pour revenir à l'argent, on ne peut que s'étonner inversement de la régularité et de la constance formelle, en tant que symbole, à son égard.
Toute époque traversée par des changements importants s'accompagne d'une transformation d'égale importance dans la forme de la valeur transactionnelle et ce d'autant plus à notre époque où la question se pose aussi frontalement.

Deuxième réflexion: il ne doit son existence que relativement à la notion d'échange.
C'est à dire qu'il s'est progressivement installé dans tout ce qui fait relation d'une personne à une autre, puis de soi à soi. Il est devenu l'expression de la reconnaissance et s'est chargé au passage de tous les affects compris dans l'expérience humaine tant négatifs que positifs. Annulant par là même ce qui tenait lieu du don au point qu'on l'a considéré du point de vue de l'utilité. "Ce qui est donné n'est plus utile à son propriétaire".

Troisième réflexion: il est majoritairement virtuel.
Ce qui me paraît complètement édifiant c'est de constater que l'argent repose principalement sur des contrats de 'confiance' ou 'd'engagement'. Car c'est en tant que je m'engage par contrat à rembourser l'argent qui m'est prêté que celui-ci est créé. De cette façon la relation humaine est "chosifiée", elle est renvoyée à sa dimension chiffrée. Le banquier n'a pas à faire appel à son jugement critique envers la personne qu'il a en face de lui, il se réfère à sa valeur financière qui détermine la faisabilité ou non de toutes initiatives.
Paradoxalement il ne reste plus que 10% de monnaie physique avant le grand saut vers la non-nécessité de ce référent symbolique.

Quatrièmement: il est rendu nécessaire dans la mesure où l'autre est un étranger.
Il existe ou a existé des sociétés sans argent, ce sont la plupart du temps des sociétés qui se suffisent à elles-mêmes pour les conditions de vie. A compter du moment où l'autre entre dans l'équilibre d'une société, l'argent est requis comme mesure d'échange.
En étendant le phénomène de micro-sociétés auto-suffisantes à l'échelle planétaire, il n'y aurait qu'une espèce à ménager ce serait celle de l'être humain et son milieu de vie.

Cinquièmement: il garantit la rareté et la préciosité.
Ce qui est rare et précieux n'a aucun sens s'il n'est partagé.


vendredi 30 décembre 2011

Aimer


L'amour me semblait incompréhensible et détestable, il m'est venu.

Non pas d'un amour attaché aux gestes ou aux images d'un être vivant... mais de l'amour de voir la vie émouvoir l'être.
J'ai vu des personnes animées, portant chacune d'un regard clair la beauté de sa métamorphose.
Comme si avait éclos en son coeur une substance nouvelle disposée, déjà, dans ses plis intérieurs. 
Cette matière s'est livrée, innocente à ces jeux, en ouvrant là l'aventure des usages. 
Et par miracle, d'une matière native est venue d'elle une résonance.
A la fois délicatesse de la chaire vive et grondement du corps.
"Je vous aime" est venu s'écrire sur la peau, sur les lèvres et sur les doigts d'un amour laissant fleurer la joie. 
Danser a suffit à faire parler la peine, et de chanter le coeur réclame:
"Que vive un "jour de joie" pour éclairer les "jours de colère"!
Nous avons fêté les noces, et, transportés les uns sur les autres par les bras.
Aujourd'hui, nous allons nous lever et montrer à un monde son soleil."

jeudi 29 décembre 2011

La disparition de l'argent

Alors que la crise financière semble à son comble, peut-être pouvons-nous revoir la copie de Naomi Klein relativement à sa réflexion sur la "Shock doctrine" dont la thèse consiste à dire que chaque changement profond de la gestion politique ou économique d'un pays peut être lu comme la conséquence d'une situation traumatique, comme les recherches en sciences cognitives ont tenté de mettre en pratique par tentatives d'implantations de représentations nouvelles à l'intérieur d'un sujet soumis aux traitements de l'électrochoc.
Si cette hypothèse n'est pas résolument à écarter, il peut être possible d'y adjoindre une seconde qui tiendrait en ceci:
Qu'aujourd'hui une logique héritière du développement de la monnaie au cours de son histoire soit parvenue au point "d'irréconciliation" avec l'expérience humaine et ce malgré la tentative de l'orienter progressivement vers le virtuel (explosion actuelle de ce qu'on nomme la révolution numérique). Que de cela tant les institutions financières que les pouvoirs politiques sont conscients. Et qu'à cela ils n'ont absolument rien à répondre, ils y sont littéralement impuissants. Et pour cause car admettons que ce soit la notion même d'argent qui devienne aujourd'hui impraticable. Qu'avons-nous à offrir en échange? A partir de quoi pourrions-nous baser notre (voir LA) puissance? 
C'est fort de cette conscience là que j'entends maintenant surgir un peu partout le terme d'autogestion. Ce terme formule la nécessité, voire l'urgence de notre époque, celle d'être à même de pourvoir à la survie de notre espèce. Qui peut dire que dans un monde où l'argent est devenu le principe même de l'échange (soit incluses les notions d'habiter et de se nourrir) qu'il sera à même de vivre si du jour au lendemain cette valeur disparaît?
Ce qui éclate au grand jour, c'est l'inaptitude de l'être de la civilisation face à l'être de la nature. Et, cela dit, en passant ne serait-ce pas là le juste retour des choses?
Cela explique en grande partie l'intérêt grandissant pour tous les modèles alternatifs qui s'ils n'ont pas encore la maturité de permettre une indépendance radicale quant au fonctionnement actuel de la société nous rapproche malgré tout un peu plus de la qualité écologique (écologique est entendu ici au sens fort) de notre vivre au monde.
Peut-être est-il désormais temps de nous préparer à tout ça, ainsi, nous y préparant nous saurons mieux l'appréhender lorsque cette réalité viendra, à moins que nous fassions le choix d'un empirisme aveugle soumettant chacun de nous à la conversion obligée et dans laquelle chacun sera livré à lui-même.

Ceci tient peut-être lieu d'hypothèse, mais les éléments de la réalité auxquels elle se réfère n'en démentent aujourd'hui pas l'intuition.
Je ne sais pas ce que sera cette année 2012, mais je souhaite que chacun de vous puisse être fort de cela.

Avec amour.


mercredi 28 décembre 2011

Organisation


Nous avons fait des assemblées populaires, nous avons fait des assemblées générales, nous avons fait des groupes de travail, nous avons fait des actions, nous avons manifesté officiellement et officieusement, nous avons campé, nous avons appelé à nous rejoindre, nous avons mis en place des plateformes de communication, nous avons rejoint d'autres luttes, nous avons donné à manger, nous avons négocier, nous avons sollicité.

Nous ne savons pas encore parler collectivement.

Parce que nous attendons des résultats immédiats, nous attendons que des décisions soient prises.

Nous devrions commencer à créer des groupes de cinq à dix personnes qui se connaissent un peu et commencer  à discuter sérieusement, c'est à dire écouter ce que chacun a à dire, et répondre précisément et non pas chercher à exprimer une opinion supplémentaire. Nous devons faire en sorte qu'une discussion collective soit une discussion et non pas une surenchère de positionnements et de vérités toutes singulières.

Lorsqu'on prend le temps de s'entendre et qu'à cinq ou dix personnes chacun parle aux autres, et les autres à soi, s'opère une accélération de la connaissance. Chaque personne est une ressource, nous devons apprendre à y puiser avec clarté.

Prenons le temps, n'accélérons rien, c'est la meilleure vitesse, et la plus rapide certainement.
Les plus rapides apprennent à avancer lentement, les plus lents à avancer rapidement.

Si les conversations publiques peuvent tourner au blabla le plus indescriptible c'est parce que nous sommes agités par les émotions d'une parole qui n'est pas parvenue à son terme.

Rétrécir le nombre d'interlocuteurs, abandonner la figure des médiateurs ou tous les autres intermédiaires est le gage de notre maturité en tant communauté humaine.

Quelque soit le sujet, l'exercice accompagne par la suite l'expérience quotidienne, et des perceptions nouvelles verront le jour.

Témoignage 2

A l'époque où j'ai vu des personnes se rassembler sur les places ça a été comme si les deux années qui avaient précédé m'avaient préparé intellectuellement aussi bien que pratiquement à expérimenter tel type de situation.

J'avoue être plutôt réticent à éprouver la collectivité en circuit fermé comme si le propre du collectif se situait dans les espaces intermédiaires entre le monde à soi et le monde publique. Et c'est pour cette raison qu'il est un espace complexe, approximatif.

Je pense pour moi-même qu'il est plus important de me placer dans les espaces où la certitude et la confiance n'ont pas encore fait leurs places.

Je repousse ainsi en permanence autour de moi et toujours plus loin de moi les zones obscures, autrement dit je cherche une méthode de connaissance exacte non pas pour circonscrire la réalité mais pour déceler ce qui en elle m'apprend des choses sur le monde et sur moi.

Jusqu'à maintenant j'ai éprouvé le mouvement d'insurrection comme une rumeur, un grondement auquel je ne peux que croire à moitié. Simplement je fais en sorte que ce grondement persiste et résonne en moi jusqu'à ce que je devienne la substance de ce qu'il me voue à faire.

Aujourd'hui je cherche un 'nous' qui existe en moi. Je suis parti en recherche intérieure avec la conviction de pouvoir le trouver.

Je voulais vous dire: "Vous aussi trouvez ce 'nous' qui repose, commencez par là avant toute chose."

A chaque pays, à chaque continent son imaginaire, son mode relationnel. Ici, je suis en Belgique, peut-être qu'en Belgique on attend que des personnes s'expriment en notre nom, peut-être qu'en Belgique on attend les paroles dans lesquelles nous nous reconnaissons. Mais aussi en Belgique on veut faire les choses uniquement quand nous sommes plus nombreux. Peut-être qu'en Belgique on veut faire les choses et que les autres nous reconnaissent. En Belgique, on essaie puis on hésite, puis on s'arrête, puis on recommence.

Que voulons-nous réellement faire?

Je me dis que ce qu'il y a de plus important c'est que les relations que chacun a dans son existence: familiales, amoureuses, amicales, professionnelles, chacune d'entre elles doit avoir la valeur la plus grande, la règle de Midas, pour que chaque chose que l'on touche se change en or.

Nous devons agir à l'endroit exact où la vie nous a conduit. Nous l'avons réalisé, nous ne sommes pas à un endroit donné par hasard.

Aujourd'hui j'ai décidé de travailler à ma manière, manière pour laquelle je m'estime être le seul apte à vérifier la viabilité. Je me dis qu'il faut avoir le courage de porter sa solitude, elle est parfois plus nombreuse qu'on ne croit.

Beaucoup de belles choses existent déjà, pourquoi faut-il que nous cherchions en permanence à ce qu'elles soient rejointes par le plus grand nombre? N'est ce pas attendre quelque chose avant d'avoir commencé?

Je crois que nous devons nous jeter dans ce qui nous fait plaisir, celui que nous n'osons jamais faire.
Le plaisir est une valeur sure, tout a été fait pour qu'on oublie cela, mais c'est un devenir permanent qui contient une préciosité toujours plus grande.

mardi 27 décembre 2011

Reload


Plusieurs évènements ont eu lieu au cours de ces cinq derniers mois un peu partout à travers le globe.
Des informations relayées, d'autres moins, voire pas du tout. Une chose est sure, c'est que dans des endroits qu'on aurait supposé impensable, des campements se sont dressés, des solidarités se sont manifestées (New York, Paris, Londres, Francfort...).

La marche initiée en Espagne en direction de Bruxelles a poursuivi sa course, passée par Paris, puis Nice (lieu où s'est tenu le contre sommet du G20), elle se dirige actuellement sur Rome en direction de Athènes.
(Actuellement piratée l'adresse de référence est la suivante: marchtoathens.tk elle devrait être remise en ordre de marche dans les prochains jours).

Beaucoup de doutes et d'incertitudes ont surgi relativement à la difficulté de communiquer, de s'organiser, de proposer. Ces zones d'indistinction ont rendu possible une réappropriation du concept d'indignation à des tendances politiques ou culturelles à dominante nationaliste ou conservatrice. Elles ont par ailleurs jeté un voile sur la mobilisation massive possible de la population.

Cela étant dit, une chose me semble importante à signaler:
Prenons garde pour une part à ne pas entrer dans la spécialisation d'un mouvement dont la force provient de sa non résignation à l'ordre des choses, et tend vers un usage politique plus concret de la vie de tous les jours.

Le chiffon qu'on nous agite devant le nez tient à ceci:
- levée des émeutes urbaines génératrices de chaos
- déconstruction de la démocratie d'alternance des partis dits de "raison"
- montée en flèche de groupes d’extrême droite, des communautarismes obtus et autres monstruosités supposées
- précipitation de la crise financière vers l'anarchie monétaire
- ...

De tout cela nous devons garder conscience, vigilance même, car nous savons la nature inquiète de l'être humain du fait que nous en sommes les héritiers. C'est bien notre inquiétude actuelle qui nous a conduit à remettre en cause en partie la figure de l'état, de l'autre celle de l'économie libre et non faussée.

Nous avons un moment surfé sur la vague de "l’insurrection populaire", maintenant nous devons commencer à mettre des éléments sur la table pour montrer que la remise en question n'est pas qu'un postulat de notre part.

Nous nous sommes méfiés des partis parce qu'ils entraient dans une logique de représentation politique, que de ce fait ils induisaient un processus de délégation du pouvoir, le nôtre vers le leur.
Qu'ils correspondent au principe de l'offre et de la demande à travers leurs propositions de programmes au détriment de l'implication de chacun dans l'édification de la "communauté politique" des êtres vivants à son échelle.

Nous nous sommes méfiés des syndicats parce qu'ils avaient l'avantage autant que le désavantage d'être les héritiers du système politique actuel.
Que nous avons pensé que si engagement il devait y avoir il devait dans un premier temps être d'ordre individuel parce qu'avant de défendre une image, une appartenance, ou un milieu c'est l'être singulier et la liberté dont il dispose de jugement et de décision qui prévaut.

Nous nous sommes méfiés des manifestes, des publications, du contenu, parce que nous voulions conserver la qualité d'un rêve humaniste et des espoirs qu'il portait avant de lui donner forme trop précipitamment.
Paradoxalement nous avons été invités à l'urgence du dérèglement planétaire, et avons parfois forcé notre présence au point de perdre nos voix.

Mais ce que nous voulons:
c'est l'émergence d'une exigence environnementale active et durable
c'est la considération des difficultés de chacun par une politique d'accompagnement concrète et inconditionnée
c'est l'affirmation d'un enseignement de qualité qui prenne compte du développement de l'enfant, de son désir, de sa force
c'est oeuvrer à une culture expansive des contributions internationales de ce que l'être humain a produit jusqu'à maintenant et qu'il continuera de faire

Pour cela et plus encore nous ne devons rien nous interdire.

Il faut cultiver en soi une conscience claire et rigoureuse emprunte de patience et de tendresse.
Nous commençons une période sentimentale, cela suppose un long apprentissage, nous, les innocents.





mardi 5 juillet 2011

Révolution

Apprendre à considérer ce qui existe pour ne pas laisser chaque idée devenir lettre morte.
Prendre acte de chaque expérience et travailler à leur assemblage en vu de l’affirmation d’une politique globale qui laisse une part à ce qui n’a pas encore été pensé.
Etablir point par point un ensemble de nécessités relatives à la préservation des formes de vie.
Aménager des espaces de réflexion précis et envisager des applications concrètes à ce qui en aura surgit.
Développer des pratiques d’observation, d’évaluation, de perception, propres à un approfondissement de la sensibilité.
Reconnaître ce qui est précieux en chaque chose.
Constater ce qui délimite l’usage du monde et étendre le cercle de la connaissance.
Définir le commencement.
Se rapprocher de la pulsation cosmique et faire état de ce qui est.
Abandonner les causes de la souffrance pour partir avec ce qui donne de la joie.
Entendre résonner les bruits infimes à égalité des coups d’éclairs.
Se déplacer de la plaine à la montagne, de l’eau au ventre de la terre.
Boire infiniment et laisser le tout devenir.
Que chaque instant t’appartienne avant qu’il ne te serve.
Inspire le nouveau et vis l’ancien.
Fabrique les images comme une répétition.
La part de l’ombre est à la fois la part de lumière.
La paix est l’ultime et presque la dernière.

lundi 27 juin 2011

Inondation

Quand la certitude vient à manquer
Accepte de ne pas savoir

Si tu prends les choses à la lettre
Manque à tes principes

Essaie de te tromper
Une fois, deux fois
Et recommence

L'accumulation c'est la vanité
La saturation c'est le commencement

Qu'une seule parole existe

Au milieu une tâche
Autour une nappe
Roule ce tapis et brûle le
Garde la fumée entre tes mains
Ouvre tes mains
Elles sont noires jusqu'à l'os
Baigne toi et lave ton expérience

Vois ce lac, ce lointain
L'eau sombre et froide révèle ton ignorance

Dans la plaine
Les animaux, les fauves
Le murmure de la cascade inonde lentement



dimanche 19 juin 2011

Suivre le mouvement


Le corps collectif est une énergie en devenir.

Nous apprendrons à parler ensemble, pour nous.

Ce n'est pas dans l'évènement que réside notre puissance mais dans l'agir de la réalité.

Soyons infidèles!






vendredi 17 juin 2011

La sortie du cercle

(dé-géolocaliser)

Avons-nous besoin réellement d'un cadre de référence? 

PIl nous faut renoncer à des habitudes relationnelles ou collectives.

Considérons chaque échec non pas comme une force perdue mais comme une erreur d'évaluation de notre part.

Nous devons réussir à proposer des manifestations qui gagnent à tous les coups.

Ne pas s'effrayer de produire des images.

Nous sommes des héritiers en même temps que le devenir de notre époque.

Nous n'avons plus besoin de modestie, mais une affirmation. Une affirmation sans fin.



mercredi 15 juin 2011

Maturité politique



dans tout assemblement humain n'existe de politique réelle qu'à compter du moment où chacun est en mesure d'exprimer librement son intelligence.
ceci est le réquisit de départ. y satisfaire suppose une qualité intérieur résultante d'un usage. chacun est sollicité dans sa faculté de déplacement, de respiration, de consistance, entre fluidité et efficace. savoir se mouvoir, c'est l'art de l'animal politique.

nous avons l'habitude de contrevenir à cet instinct par l'imposition d'un protocole.
en effet, l'instinct a pour désavantage de n'avoir aucune possibilité de faire ses preuves.
ainsi lorsque l'urgence est prétextée et qu'on demande instamment à l'instinct politique de démontrer sa pertinence, celui-ci fera aussi triste figure que l'albatros enfermé dans l'image baudelairienne: "comme il est gauche et veule!"

l'urgence fabrique la panique, la panique entraîne l'automatisation des principes.
et pourtant c'est tout autre que nous voulons le monde, et c'est en cela qu'il nous faut du courage.
c'est dans le coeur de la pratique que les rapports se modulent.
on nous a demandé nos revendications, nous n'osons pas affirmer que c'est la forme que nous voulons travailler.
nous ne voulons pas remplir des contenants parce que nous ne dissocions pas la forme du contenu.
nous voulons pouvoir penser cette forme, en avoir le temps, et nous savons que c'est là la première nécessité.
si nous gardons un oeil sur les expériences artistiques c'est parce nous savons qu'elles ont depuis longtemps oeuvré dans ce sens.
nous avons le droit à la recherche en politique!
nous sommes convaincus qu'il existe des solutions propres à rendre ce monde vivable, plus serein, plus clément et c'est pourquoi nous marquons un temps d'arrêt.
de même l'âme se recueille au moment le plus inattendu pour prélever au bleu du ciel une part de son apaisement.
de même nous voulons pouvoir lever ces yeux au ciel et le transporter un peu avec nous pour le déposer sur le visage d'un semblable le temps d'un croisement du regard.





Utilité, décadence



comme pour toutes choses, il faut qu'à un moment une lutte s'installe car l'évènement est l'instant de chacun.
ce qui restera ce sera la trace de cette lutte avec les oublis qu'elle comprend.
il aura fallu très rapidement circonscrire le cercle avant même qu'il n'ait été bouclé.
il faut faire rejouer les machines qu'on ne prend plus la peine de rejouer littéralement.
alors resteront encore certains à attendre.
ceux-là doivent savoir se résigner régulièrement.
ils sont les dupes de leur croyance, c'est ainsi que se cultive en même temps leur tristesse.
se pourrait-il qu'ils puissent en démordre?

et pourtant on leur dit que le cours se poursuit,
on leur dit que l'affaire commence à naître et qu'aussi bien hommes que femmes commencent à brûler quand le coeur s'organise.
mais une ombre est passée sur leurs yeux et le visage de l'évènement s'est chargé de ce qu'ils ne voulaient pas voir.
ils se répètent dans leurs fors intérieurs: apprend à perdre!
leur orgueil n'aura pas de prise.

ils ont entendus les chants, se sont glissés avec, ont laissé passer les images incertaines en se disant qu'on laisserait aussi passer les leurs,
mais il y a les images incertaines qui s'effacent avec le temps et celles qui perdurent.
on ne veut pas de celles qui restent.
parce qu'elles détiennent en elles la part d'inavoué, elles présentent en face la figure terrible de ce qui ment.
on s'habitue avec fatalité au mensonge.
on exaspère le mensonge et on lui donne la consistance de ce qu'on n'a jamais voulu

pour poser un problème, laissons le venir pas à pas.
en partant de soi. laissons le problème s'installer à l'intérieur du corps au point de le confondre avec soi-même
ensuite il se dégage lentement et emporte avec lui la part de ce qui fait l'expérience
il est puissance,
tout ce qui l'environne est happé par sa voracité
à moins qu'il ne trouve sur sa route son intimité semblable
mais tout cela ne nous appartient plus, que les torsions se conjoignent dans des noyaux, dans des spirales
pour nous ne reste que l'exaltation,
oh! gloire! éternelle!




samedi 11 juin 2011

Evacuation place de Flagey et interdiction de la commune d'Ixelles de tous rassemblements publics


Nous ne connaissons pas le motif précis qui a conduit Willy Decourty à prendre ces décisions communales. Nous savons par contre qu'elle l'ont été en dehors de l'avis du conseil communal auquel avait été envoyé une délégation pour donner voix à notre occupation.

Parmi les informations que nous avons pu retirer des services de police a été mentionné l'inquiétude de la part du bourgmestre que le phénomène s'accroisse à l'identique du campement du carré de Moscou. Nous savons par ailleurs que le campement allait gêner l'installation d'un chapiteau permettant la projection publique de films dans le cadre du 'brussels film festival' qui débute le 22 juin. La situation se pose à l'identique pour l'occupation du Carré de Moscou quant à la tenue de la fête de la musique du 19 juin (installation d'un podium sur le centre de la place).

La culture nous chasse.

Peut-être devons-nous maintenant agir plus explicitement en mettant en place des manifestations sans paroles (musicales, chorégraphiques, performatives ou théâtrales) en confrontation à ces évènements qui eux s'ils n'ont pas de discours disposent pour autant d'une logistique policière efficace.

Il est temps pour nous d'entrer dans une dynamique d'interventions publiques et d'interpellations citoyennes.

Pourquoi l'usage des places publiques seraient-elles du ressort des politiques communales?

L'espace public nous appartient.




jeudi 9 juin 2011

Questions


Une constante dans notre mouvement, celle de lui conférer une portée internationale.
Deuxième constante, celle d’occuper une place publique.
Troisième constante, ici plutôt européenne, se revendiquer de l’indignation.
Se pourrait-il que nous puissions envisager une forme qui ne soit pas d’occupation ?
Tentons-nous d’appliquer à l’Europe les mêmes principes que les gouvernements d’Afrique du Nord ?
La logistique est-elle le commencement de nos revendications ?
Devons-nous agir du point de vue structurel ?
En quoi consiste une occupation ?
En quoi une occupation est politique ?
La nécessité d’une occupation est-elle théorique ?
Dans quelles mesures est-il important d’allier discussions logistique, discussions politique, témoignages, communication publique, manifestations culturelles, réflexions critiques, habitations ?
Sommes-nous des « punks à chien », des « bouffeurs de graines germées », des « âmes perdues » ?
L’organisation est-elle la condition incontournable pour la viabilité de notre mouvement ?
Avons-nous quelque chose à défendre ?
Que voulons-nous ?
Devons-nous avoir des idées ?
Devons-nous parler ?
Sommes-nous héritiers des révolutions passées, ou celle-ci est-elle quelque chose de nouveau, un relai de notre époque ?
Avons-nous un seul terrain linguistique ?
Devons-nous ne revendiquer que de l’eau et du pain ?
De quelle souffrance parlons-nous ?
Sommes-nous en train de faire la preuve qu’il est possible à chaque instant de recréer une société ?
Avons-nous la possibilité de faire sans le monde qui nous environne ? Techniquement et spirituellement parlant ?
Sommes-nous obligés de recourir à l’impression papier pour les communications publiques ?
Avons-nous besoin de technique ?
Faut-il n’utiliser que les nouveaux médias ?
Faut-il tout recommencer ?
Devons-nous écrire un nouveau système philosophique ?
Devons-nous être unis ?
Que voudrions-nous faire ?
A quoi pouvons-nous nous référer ?
Quelle est notre histoire ?
Ne sommes-nous là que pour poser des questions ?
Sommes-nous prêts à perdre ?
Qu’avons-nous à perdre ?
Qu’avons-nous à gagner ?
Y-a-t-il quelque chose sur lequel nous serions certainement tous d’accord ?
Quel est le bon sens ?
Avons-nous du bon sens ?
Qu’en est-il de notre bon sens ?
Cherchons-nous à faire des choses efficaces ?
Que devons-nous modérer ?
A quoi devons nous médier ?
Sommes-nous trop sensibles aux mots ?
Existent-ils des actes précis à accomplir ?
Faisons-nous que contester ?
Avons-nous envie d’être rejoints ?
Devons-nous devenir exponentiels ?
Avons-nous une position ?
Sommes-nous un seul corps ?
Avons-nous à faire avec la morale ?
Aurions-nous peur de perdre notre intégrité ?
Aurions-nous peur d’être seul ?
Avons-nous besoin de cuisiner ?
Y a-t-il une prise de pouvoir ?
Avons-nous pour philosophie le vide ?
Que voulons-nous transmettre ?
Avons-nous quelque chose à faire ensemble ?

Fragen
Eine Konstante unserer Bewegung ist es, ihr internationale Bedeutung zu zusprechen.

Eine zweite Konstante ist es, einen öffentlichen Platz zu besetzen.

Eine dritte, hier eher europäisch, sich empört zu bekennen.

Könnten wir eine Art und Weise ins Auge fassen, die nicht Besetzung wäre?

Versuchen wir in Europa die gleichen Prinzipien anzuwenden wie die Regierungen in Nordafrika?

Ist die Logistik der Beginn unserer Forderungen?

Sollten wir von einem strukturellen Gesichtspunkt aus agieren?
Worin besteht unsere Besetzung?
Inwieweit ist eine Besetzung politisch?
Ist die Notwendigkeit einer Besetzung theoretisch?

Inwieweit ist es wichtig logistische, politische Diskussionen, Beobachtungen, öffentliche Kommunikation, kulturelle Aktivitäten, kritishce Reflexionen und Behausung zu verbinden?

Sind wir „Hundepunks“, „Kernefresser“, „verlorene Seelen“?

Ist Organisation eine unausweichliche Bedingung für das (Über-)Leben unserer Bewegung?

Haben wir etwas zu verteidigen?

Was wollen wir?

Müssten wir Ideen haben?

Müssten wir sprechen?

Sind wir Erb_inn_en vergangener Revolutionen, oder ist das Jetzige etwas neues, spezifisch für unsere Epoche?

Haben wir einen ein einziges linguistisches Spielfeld?

Sollten wir nur Wasser und Brot fordern?

Von welchem Leiden sprechen wir?

Sind wir dabei zu beweisen, dass es möglich ist in jedem Augenblick die Gesellschaft neu zuerschaffen?

Haben wir die Möglichkeit, ohne die Welt um uns zu sein? Technisch und spirituell gesprochen?

Sind wir gezwunden auf Papier zu drucken, um öffentlich zu kommunizieren?

Brauchen wir Technik?

Müssen wir die neuen Medien benutzen?

Müssen wir neu anfangen?

Müssen wir ein neues philosophisches System erdenken?

Müssten wir vereint sein?

Was würden wir machen wollen?

Worauf können wir uns berufen?

Was ist unsere Geschichte?

Sind wir da, um Fragen zu stellen?

Sind wir bereit zu verlieren?

Was haben wir zu verlieren?

Was können wir gewinnen?

Gibt es etwas, womit wir sicherlich alle einverstanden wären?

Was ist der gesunde Menschenverstand bzw. die richtige Richtung?

Haben wir gesunden Menschenverstand bzw. die richtige Richtung?

Wollen wir effiziente Sachen machen?

Was müssten wir mäßigen?

Worüber müssten wir meditieren? (méditer?)

Sind wir zu sensibel, was die Wortwahl betrifft?

Gibt es präzise Taten zu erfüllen?

Widersprechen wir nur?

Wollen wir, dass Menschen sich uns anschließen?

Wollen wir exponentiell werden?

Haben wir eine Position?

Sind wir ein einziger Körper?

Was haben wir mit der Moral zu tun?

Haben wir Angst, unsere Integrität zu verlieren?

Haben wir Angst, allein zu sein?

Müssen wir kochen?

Gibt es eine Machtübernahme?

Ist das Leere unsere Philosophie?

Was haben wir zu übermitteln?

Wollen wir etwas zusammen machen?

VRAGEN

De noodzaak om een internationale omvang aan onze beweging te geven is een steeds aanwezige drang.

Een tweede constante, de impuls om een openbare ruimte, een plein, te bezetten.

Derde constante, deze weliswaar van europese proporties, de gebelgdheid eigen maken.

Zou het mogelijk zijn dat wij een vorm konden ontwikkelen die geen bezetting inhoudt?

Proberen wij voor Europa dezelfde principes toe te passen die voor de noordafrikaanse regeringen van toepassing zijn?

Is de logistiek het begin van ons eisenbundel?

Dienen wij te handelen vanuit een structureel standpunt?

Wat stelt een bezetting voor?

Wat maakt van een bezetting een politiek instrument?

Is de noodzaak van een bezetting een theoretisch iets?

In welke mate is het belangrijk om logistieke en politieke discussies, getuigenverklaringen, openlijke communicatie, culturele manifestaties, kritische bedenkingen en belevingen met mekaar in verband te brengen?

Zijn wij "punks met luizige honden", "sojascheuteneters", "verloren zielen"?

Is het organiseren de onomkoombare vereiste opdat onze beweging levensvatbaar zou kunnen zijn?

Hebben wij iets dat het verdedigen waard is?

Wat willen wij?

Is het nodiog dat wij ideen hebben?

Is het nodig dat wij spreken?

Zijn wij erfgenamen van de vergane revoluties, of is onze huidige beweging iets nieuws, een kind van onze actuele omstandigheden?

Hebben wij een enkele uitdrukkingsvorm?

Moeten wij ons beperken tot het eisen van water en brood?

Over welke kwellingen spreken wij?

Zijn wij bezig het bewijs te leveren dat het mogelijk is op elk moment een gemeenszchap weder op te bouwen?

Kunnen wij dat voor mekaar fiksen zonder rekening te houden met de realiteit die ons omringt? Zowel op technisch als op intellectueel vlak?

Zijn wij genoodzaakt om ons tot het gebruiken van drukwerk te wenden voor het verspreiden van onze openbare boodschappen?

Hebben wij de technologie nodig?

Moeten wij enkel de nieuwe electronische media gebruiken?

Moeten wij alles herbeginnen?

Moeten wij een nieuw filosofisch systeem opbouwen?

Moeten wij verenigd zijn?

Wat zouden wij willen doen?

Wat kunnen wij ons als voorbeeld stellen?

Wat is onze geschiedenis?

Zijn wij enkel hier om vragen te stellen?

Zijn wij bereid te verliezen?

Wat hebben wij te verliezen?

Wat kunnen wij winnen?

Bestaan er zaken waarover wij allemaal samen akkoord zouden kunnen zijn?

Wat is het gezonde verstand?

Hebben wij gezond verstand?

Wat is de stand van zaken betreffende ons gezond verstand?

Zoeken wij efficiente zaken te realiseren?

Wat moeten wij modereren?

In welke zaken moeten wij bemiddelen?

Zijn wij te gevoelig ten aanzien van bepaalde woorden?

Zijn er bepaalde preciese zaken die gerealiseerd moetzen worden?

Doen wij niets anders dat protesteren?

Willen wij gecontacteerd worden?

Moeten wij exponentieel worden?

Hebben wij een standpunt?

Zijn wij een enkel korps?

Hebben wij iets te doen met de moraal?

Zouden wij bang zijn onze integriteit te verliezen?

Zouden wij bang zijn om alleen te staan?

Hebben wij een kok nodig?

Is er een machtsgreep?

Hebben wij de leegte als filosofie?

Wat willen wij overbrengen?

Hebben wij samen iets te doen?